Hommage à mes cerfs

Je vous parle d’un temps encore pas si lointain
Ou fidèle à ma promenade du matin,
Tu croisais régulièrement à l’aube, mon chemin.
Les beaux jours revenus et ta belle ramure perdue
Tu t’isolais pour ne pas être reconnu :
Le temps était alors venu de rechercher tes mues.
C’était je le sais, une grande honte pour toi
Mais un immense plaisir pour moi,
Que de retrouver par chance tes deux bois !
L’été venu, du plus profond de la forêt,
Tu ressortais paré de ton nouveau refait,
Et comme avant, avec ta fière allure, tu me toisais.
J’aurai toujours en moi le souvenir de ton immense ramure,
Qui grâce aux miracles de Dame Nature,
Chaque année, prenait davantage d’envergure.
Dans la brume du matin et la forêt jaunissante,
Retentissait alors ta voix puissante :
Quel plaisir de savourer ta complainte languissante !
Jusque dans notre village et nos maisons,
Ton brame régulier nous écoutions :

Pour toi avait sonné l’heure de la reproduction.
Que de joies et de bonheur tu m’as apportés !
Mais aujourd’hui, je suis un peu attristé
De voir que dans nos bois ton avenir est menacé.
Mais je garde l’espoir et je te défendrai
A chaque fois du mieux que je pourrai.

Je te dois tant, et voulais simplement, aujourd’hui, te dire merci.

Yves Robinet

Hommage à mes cerfs

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